4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 17:00

 L’après-midi du 8 octobre 1924, une grosse tempête se lève sur la baie de Saint Brieuc.

              La Pleubiannaise, joli trois mâts de 145Tx, a jeté l’ancre devant Binic en attendant de pouvoir entrer au Légué. Venant de Cardiff, il transporte 350 T de houille. Dans la nuit, ses ancres chassent et il est drossé sur les récifs de Rohein, puis vers 8 heures du matin, il coule par 12 mètres de fond. Les hommes de l’équipage réfugiés dans la mâture seront sauvés par le canot de St-Quay-Portrieux et débarqués à Erquy.


              Ce même jour, Jean Fouré de Dahouët était en pêche avec ses 2 frères, Adrien et Job pour équipage. La mer était si mauvaise qu’il ne put entrer à Dahouët et se réfugia à Erquy.

              Adrien revint à pied à Dahouët pendant la nuit, en ciré et en bottes, pour prévenir Rosalie, la femme de Jean, que tous étaient sains et saufs. Par la suite, Jean récupéra sur la Pleubiannaise, une vergue qui sera gréée sur le  « Léon ».

              Et il arrive encore que des pêcheurs dans les parages de Rohein remontent dans leurs chaluts des morceaux de charbon … souvenirs de la Pleubiannaise.


PLEUBIANNAISE de Pleubian

 

Le journal Ouest-Eclair du 9 Octobre 1924 fait état du naufrage en ces termes :

 

19241008 Naufrage PLEUBIANNAISE - OE

 

Les rapports de sauvetage de chacune des stations concernées (Saint-Quay-Portrieux et  Erquy ) ont paru quelques temps après dans les  ANNALES DU SAUVETAGE.   Ils sont reproduits ci-dessous.

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Portrieux  (Côtes-du-Nord).

« Le chef guetteur du sémaphore de Saint-Quay est venu le 8 octobre 1924, vers 9 h. 30, me prévenir qu'il apercevait au S. 81 E. à environ 1 mille du sud du rocher Rohein, un trois mâts coulé et des hommes paraissant se trouver dans la mâture. Peu après, la mairie me prévenait qu'un coup de téléphone reçu de Dahouet annonçait un naufrage dans la direction des Rohers. (erreur d'écriture du destinataire). Le patron était porteur du ren­seignement.

Donné l'alerte au moyen du soufflet d'appel. Les canotiers ral­lient immédiatement, le port était complètement à sec, la tra­versée dans la vase extrêmement difficile. Malgré toutes ces diffi­cultés le canot de sauvetage Chauchard prenait la mer à 10 h. 15 et, à la voile, se dirigeait grand’largue, puis les voiles en ciseaux vers le point signalé.

Grande difficulté pour ramener le chariot au-dessus du niveau de la mer par la vase et l'eau jusqu' à mi-jambe, vu la marée mon­tante qui avait entouré le banc du bout de la jetée.

Arrivé vers 11 h. 30, en vue du trois mâts Pleubiannaise que nous aperçûmes un peu sous le vent. Le guetteur du sémaphore de Saint-Quay avait pu me crier de la jetée qu'il se trouvait à environ 1 mille au sud du Rohein, mais que ses mâts n'étaient plus bien hauts sur l'eau. Le Capitaine nous crie de nous défier des vergues. La vergue du perroquet est à fleur d'eau, l’eau au chouque des autres mâts, les barres de flèche auraient crevé et fait chavirer le Chauchard.  Lancé notre aussière que le Capitaine tourne au pied du mât de flèche d'artimon, où il s'est réfugié avec cinq hommes, sur un autre filin que nous lui lançons, il attacha lui-même ses hommes et nous les hâlons à bord l'un après l'autre dès qu'ils sont à la mer.

Restait un homme seul au grand mât de flèche; cet homme était presque inanimé, et l'état de la mer empêchait d'approcher.

Réussi à lui passer un filin par l'étai du mât de flèche d'artimon au grand mât, nous l'encourageons de notre mieux, et il réussit non sans peine à s'attacher et à se jeter à l'eau. Nous le hâlons à bord du Chauchard.

Quitté le lieu du naufrage vers 12 h. 10 et mis le cap sur Erquy, 6 milles sous le vent (tandis que Portrieux était à 8 milles au vent). vu les soins nécessaires aux naufragés : trois d'entre eux surtout complètement exténués, ont été ranimés par le biscuit et le rhum de notre approvisionnement ainsi que leurs camarades. Pendant la traversée, l'équipage du Chauchard s'est démuni d'effets secs pour que les naufragés puissent se réchauffer. Le médecin a dû faire des piqûres à deux d'entre eux en arrivant à Erquy. Rencontré le canot de la Société Centrale de Sauvetage des Naufragés d'Erquy, à environ 1 mille de l'entrée du port où nous arrivons vers 13 h. 25. Nous avons reçu un excellent accueil à Erquy; le garde maritime nous désigna un restaurant.

D'après l'avis unanime, y compris l'avis du patron NEVOT d'Er­quy il était impossible vu l'état de la mer, de faire route le lende­main pour Portrieux.

Appareillé d'Erquy, le 10 vers 3 heures du matin après avoir acheté des vivres à l'hôtel, et arrivé à Portrieux à 9 heures à la voile et à l'aviron. Mis à l'échouage en dedans du bout de la jetée à 9 h. 05. Rentré le Chauchard dans la maison-abri à 16 h, 30.  »

Le Patron du canot de Sauvetage,

GROSTÊTE.

(Rapport transmis par M. CROIZIER, maître de port, Prési­dent du Comité de Sauvetage). 

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Erquy (Côtes-du-Nord).

« Le 8 octobre 1921, â 10 heures du matin, le patron du canot de ­sauvetage Marie était prévenu, par le téléphone de Dahouet, qu'un trois-mâts était coulé dans le sud de Rohein, à 1 mille et dont l'équipage était réfugié dans la mâture ; aussitôt, avec des hommes de bonne volonté, nous avons conduit le canot de sau­vetage Marie jusqu'à la mer qui montait â ce moment ; on a élongé le câble du canot, et malgré la mer qui était très mauvaise, nous l'avons mis à flot. Il se dirigea alors vers les sinistrés mais il n'avançait pas vite à cause de la force du vent debout et de l'état ­de la mer : arrivés aux portes d'Erquy, nos canotiers ont rencontré le bateau de sauvetage de Portrieux qui fuyait devant le temps et qui avait l'équipage du trois mâts Pleubiannaise ; alors notre bateau de sauvetage a fait route en même temps que celui de Portrieux sur Erquy où ils sont arrivés â 3 heures de l'après­-midi. Comme le chariot était resté dans la grève nous avons amarré le bateau dans le port jusqu'à 9 heures du soir heure à laquelle le bateau a été remisé dans l'abri. »

Le Président du Comité de Sauvetage,
BESNIER.  

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Quant à la position de l’épave :   Les 17 et 27 Octobre 1924,  l’Ouest-Eclair publiait :

Avis aux navigateurs

« Baie de Saint-Brieuc, épave. L’épave du trois mâts Pleubiannaise, coulé le 8 octobre 1924, gît à 300 mètres dans le sud des rochers de Rohein. Les mâts émergent aux basses mers. Position approchée  48° 38’ 5 ’’ Nord et  2° 38’  Ouest de Greenwich carte 879. »

N.D./ D.C.

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