Cet article fait suite à celui du 05/08/12 : Dahouët port de commerce (de 1958 à 1975)
Contexte historique
Selon des écrits très anciens, datant du XIVème siècle (Archives de Nantes) nous savons que Dahouët, petit aber, était le débouché maritime du Penthièvre. Les bateaux s’y abritaient et commerçaient avec les ports de la côte nord de Bretagne, le sud et l’ouest de l’Angleterre, et peut-être plus loin.
À cette époque, on trouve des témoignages du cabotage. Nous savons que les navires transportaient, entre autres, de la chaux, des grains, du vin et même des pierres bleues de Dahouët. A ces échanges, il faut ajouter la pêche à Terre-Neuve qui existait déjà.
Cependant, l’activité de Dahouët a souvent souffert des guerres de successions, de religions et des conflits armés entre la France et l’Angleterre.
Reprise de l’activité commerciale au XIXème siècle
Au XIXème siècle, la paix étant revenue et les routes s’étant améliorées, Dahouët connaît un regain d’activité : la Grande pêche (Terre-Neuve, Islande) prend de l’importance, la flottille dahouetine s’accroît, les armateurs et les commerçants s’enrichissent. L’entrée du port et les quais sont aménagés. Ces navires aux tonnages modestes arment au cabotage, dès la campagne de pêche terminée.
Entre 1820 et 1925, même si un ralentissement sensible est perceptible pendant la grande guerre, l’activité de Dahouët est importante et fait vivre une population nombreuse.
De 1930 à 1958, la Grande Pêche cesse complètement tandis que le commerce perdure de manière plus modéré ; les échanges se font alors par le rail. Ce n’est qu’à la fin des années 50, sous l’impulsion dynamique de deux négociants lamballais, que le cabotage revit à Dahouët.
Le cabotage moderne et la période faste de 1958 à 1975
Après la guerre, de jolis cargos de plus de 900T de port en lourd arrivent chargés d’engrais, de bois de construction, d’ardoises, de matériel agricole et repartent chargés de céréales : un spectacle très prisé de la population. Mais le décès des deux négociants lamballais portent un coup fatal au cabotage à Dahouët, et en 1975, un arrêté préfectoral mettra officiellement fin au commerce maritime dans notre petit port.
La période faste du cabotage à Dahouët de 1958 à 1975 fit l’objet d’un article édité le 5 Août 2012 sur ce blog. Il annonçait la parution de l’ouvrage suivant :
DAHOUET PORT DE COMMERCE - Le cabotage de 1958 à 1975, Edition APMD du 20 Janvier 2012. L’ouvrage, toujours disponible au musée de l’APMD, fait état de 44 caboteurs recensés sur Dahouët.
134 navires identifiés à Dahouët entre 1929 et 1976
Depuis 2012, les recherches concernant les caboteurs ayant escalé à Dahouët ont permis une avancée considérable en ce domaine. Pas moins de 134 navires ont été identifiés à ce jour.
Avant 1929 les voiliers, les lougres, les gabares, les sabliers et les caboteurs à propulsion mixte (vapeur + voiles) se partageaient l’activité du port de Dahouët. Ils n’entrent pas dans cette étude. La liste non exhaustive qui suit, répertorie des navires dont la motorisation à vapeur ou diesel est l’unique source de locomotion. Elle est scindée en deux époques :
Première partie de la liste
De 1929 à 1945 la motorisation s’affirme ; les navires que l’on peut voir à Dahouët sont en grande majorité des vapeurs (steamers) bien que l’on assiste à l’émergence de lignes plus modernes qui seront celles de l’après-guerre et une évolution vers la motorisation diesel comme le m/s IDA lancé en 1931, le m/s CELEBES de 1937 ou le s/s MONDARA de 1921 motorisé diesel en 1939.
Seconde partie de la liste
Après la guerre, même si certains caboteurs sont encore de facture ancienne, ils sont tous motorisés diesel.
A partir de 1976 plus aucun caboteur ni sablier ne franchira la passe de Dahouët qui deviendra, à part quelques pêcheurs professionnels se comptant aujourd'hui sur les doigts d'une main, un port de plaisance et d’activités nautiques touristiques telles que la pêche côtière, les promenades en mer (la « Pauline ») et parfois les vedettes estivales à passagers desservant Erquy, St-Quay et l’île de Bréhat.
Liste des 134 caboteurs
Le tableau qui suit récapitule l’ensemble des 134 navires dont au moins un passage à Dahouët a été dûment validé (certains navires sont des habitués du port, comme LA SEINE signalé 36 fois, le GRANVILLE 16 fois, le VILLE DE CAEN 14 fois, le VAL DE LA HAYE 13 fois … , ce qui montre que le trafic portuaire est plus important que le nombre de navires recensés)
Quelques données statistiques sur ces navires :
Les extrêmes
Le plus long est le BRESAM 66 m puis le BISCAYA 61,77 m
Le plus lourd est le KADJA-S : port en lourd 1019 T
Le plus ancien de la liste : VILLE DE CHÂLON en Mai 1929
Dernier cargo entré à Dahouët : ROMARK en Avril 1976
Les inattendus : Les deux baliseurs EMILE ALLARD et GEORGES DE JOLY ainsi qu’un petit tanker, le CAP COS qui, venant livrer son bitume au Légué, fit une escale imprévue à Dahouët par suite de mauvais temps.
Fin d’activité des navires
40 % des navires (suivis d'un astérisque) dont la fin est connue, n’ont pas eu une démolition programmée mais plutôt une issue finale inattendue, voire tragique : disparus, coulés, minés, échoués, arraisonnés, incendiés, abandonnés…).
Nos sources
Plusieurs moyens concourent à la découverte d’un caboteur en escale à Dahouët. Ils conduiront à l’identification du navire, qui permettra par la suite, d’obtenir tous les renseignements le concernant :
- Cahiers manuscrits des E/S portuaires (affaires maritimes, pilotage, douane, courtiers…)
- Photos ou films du caboteur à Dahouët (albums privés de familles, de vacances …),
- Cartes Postales des caboteurs à Dahouët (collectionneurs de CP)
- Faits divers et mouvements des navires dans la Presse locale : Ouest-Eclair, Ouest-France, Le Marin.
- Ouvrages de la littérature locale (historiens)
- Représentations artistiques du caboteur à Dahouët : dessin, huile ou aquarelle…
- Témoignages oraux.
Catalogue
De cette étude nous maintenons à jour un catalogue regroupant les 134 navires. Il délivre pour chacun d’eux : une photo, les caractéristiques techniques, l’escale(s) à Dahouët, l’historique du navire. Il est déposé au musée de l’APMD, sur le quai de Dahouët et consultable pendant les périodes saisonnières d’ouverture.
Pour plus de renseignements veuillez contacter l’APMD.
NB: Depuis Mai 2017 on peut se procurer le "Catalogue des caboteurs" au musée de l'APMD sur le quai de Dahouët.
Remerciements et Recherches
Cette liste étonnante et pourtant bien réelle n’est pas exhaustive et les recherches se poursuivent. Notre but est d’estimer l’importance du commerce maritime à Dahouët pendant la période moderne ; une activité du port qui reste mal connue et même ignorée de la plupart des gens (les années 60-70 ne sont pourtant pas si lointaines !).
Tous ces cargos apportent une preuve irréfutable à l’existence d’un trafic portuaire conséquent qui, à toutes les époques, a grandement contribué au développement de la région et de notre port en particulier.
Nous remercions particulièrement les personnes à qui l’on doit la découverte d'un ou plusieurs navires, et celles ayant participé à la recherche d'informations complémentaires.
L’Atelier du Patrimoine Maritime de Dahouët est toujours soucieux de compléter sa base de données concernant tout objet ou évènement ayant un rapport étroit avec le patrimoine maritime de notre port.
En particulier, si vous possédez ne serait-ce qu’un nom de navire, la photo d’un caboteur ou l’illustration de l’activité des quais à cette époque, merci de bien vouloir prendre contact avec nous.
D.C.