Un naufrage à Dahouët
« Dahouët, le 2 décembre. La goélette "Cormoran", capitaine Le Cavorsin, qui revenait de Terre-Neuve, via Bordeaux et Hennebont, a été jetée hier soir à la côte, près de l'entrée de notre port (elle avait mouillé son ancre en attendant le flot - APMD). Elle est complètement perdue. Elle s'est brisée sur les rochers. L'équipage s'est réfugié dans un canot et a été sauvé, à l'exception du matelot Le Cozic, qui s'est noyé et dont on n'a pu retrouver le corps. Le "Cormoran" venait à Dahouët pour y prendre un chargement de pommes de terre. »
Trois jours après, ce même journal faisait l’éloge des sauveteurs dahouetins :
Un peu plus tard l’événement fut relaté dans les Annales du Sauvetage Maritime de la SCSN (Société Centrale de Sauvetage des Naufragés qui deviendra plus tard la SNSM ) en ces termes :
« Le 1er décembre 1909, vers 4 heures du soir, la goélette « Cormoran » de Boulogne, surprise par une violente tempête, se trouvait dans une position désespérée près des rochers de la « Muette », à l’entrée du port de Dahouët.
Jugeant leur navire perdu, les six hommes qui le montaient revêtirent les ceintures de sauvetage et se réfugièrent dans le canot du bord pour regagner le rivage ; mais leurs tentatives furent vaines et bientôt la petite embarcation chavira.
A ce moment l’ouragan sévissait dans toute sa violence, et des lames énormes rendaient très périlleuse la situation des naufragés. Malgré l’imminence du danger, le brigadier REUZIAUX (Auguste) et le préposé MONTJARRET (Louis), de la brigade de Dahouët, n’hésitèrent pas à se jeter à la nage pour tenter de les secourir. Tantôt roulés par les vagues, tantôt submergés, ils finirent par se rapprocher du mousse qui, resté en arrière de ses compagnons, était sur le point de couler. Le préposé MONJARRET parvint à le saisir, et, avec l’aide du brigadier REUZIAUX, put le mettre à terre.
Un des hommes de l’équipage ne sachant pas nager avait disparu au moment où le canot chavirait ; le préposé MONJARRET voulait de nouveau se lancer pour aller à sa recherche, mais il en fut empêché par les témoins de cette scène qui jugèrent la tentative folle en raison de l’état de la mer.
Le mousse du « Cormoran » a échappé à une mort certaine grâce au dévouement et à la courageuse intervention du brigadier REUZIAUX et du préposé MONJARRET.
Ils vont recevoir, en récompense de leur belle conduite, le prix Emile ROBIN, qu’ils se partagerons. Nous attribuons en outre au brigadier REUZIAUX la médaille d’or de Mme DUCOROY. »
D.C.