16 mars 2014 7 16 /03 /mars /2014 09:26

   

Dans cette région de Haute Bretagne les noms de lieux peuvent être rapportés à trois niveaux linguistiques, Breton celtique, Norrois scandinave et Roman langue française dialectale.

Il faut savoir que les messieurs hydrographes qui ont levé les cartes marines n’étaient pas au courant des parlers locaux, ce qui a conduit à de nombreuses méprises.

La plus grosse et ancienne est sans doute le nom des Héauts de Bréhat qui sont une partie des Epées de Tréguier. En breton Kleze c’est une épée et au pluriel avec l’article on a Ar C’hlezeo. Le site du phare est dit Kern ar C’hlezeo, le sommet des Epées.

La plus comique est sans doute la balise de "l’Ours seul" devant Binic. Il ne s’agit pas, bien entendu, d’un plantigrade solitaire mais d’un ourseu c'est-à-dire un pot en gallo (laver les oursiau c’est laver la vaisselle).

La Pointe de l’Aigle à Plérin est plus probablement une pointe de l’Ay, c'est-à-dire de l’Aire le sable, mot local d’origine scandinave Eyr comme bien d’autres sur la côte.

Pour compliquer l’affaire les ports voisins peuvent donner des noms différents à de mêmes endroits. C’est ainsi qu’à Dahouët tout le monde appelle Platières ce qui est marqué sur les cartes comme les Jaunes et qu’à Erquy le Petit Légeon s’appelle Plé et Rohinet le Gros Blanc.

 

Comme tout nom de lieu le nom de Dahouët lui-même doit être interprété à l'aide des formes anciennes et d’autres noms de lieux correspondants de la région.

La forme usitée actuelle prononcée Dahouette est une prononciation basse bretonne qui fait sonner les consonnes finales écrites, comme Perrotte pour Perrot, Huchette pour Huchet. L'existence  de formes anciennes en –el  comme Darouel montre bien comme pour oisel et ouéset (oiseau), Dobel et Dobet, Hamel et Hamet, Jospinel et Jospinet que la forme prononcée localement, Dahouè, sans consonne finale, est sincère.

Bien que dans les écrits la forme Daoued soit fréquente et ancienne on doit penser qu'il y a eu disparition d'un R intervocalique, chose fréquente en breton (Maï pour Mari, c'hoaï pour c'hoari) comme en parler gallo car on trouve anciennement des formes écrites avec R comme Darouel, Darouet, Darvet.

Ceci est confirmé par la comparaison avec le nom d'un site voisin le Grand Daouet ou Grand Darouet, marais côtier de l'embouchure du ruisseau le Mofin en Pléhérel

Vu la non concordance du site géographique on laissera de côté le nom breton des Tas de Pois près de Camaret Daoué pluriel An Daoueiou.

L'explication doit être cherchée dans le mot gallois, disparu du breton actuel, darwedd  inondation (dd à prononcer z) Comme pour le marais du Grand Darouet et pour le moulin à marée de Drouet ou Derouet à Lancieux il doit s'agir de marais inondable, interprétation qui correspond quand même mieux avec le site que le supposé Dervoed plantation de chênes, pour un port !!!

 

 

En Dahouët

 

Le lieu dit Bignon  existe dans à peu près toutes nos communes il est interprété en général comme "source vive".

Les Mielles  représentent un mot scandinave signifiant "dunes"

Le Chemin du Lest  ne peut être lié qu'à l'embarquement ou le déchargement du lest que les navires devaient emporter.

Le Chemin Le Vacon disparu à la construction du bassin à flot correspondait à la propriété d'un armateur de Lamballe de ce nom.

Le Fond Chemin correspond à chemin creux.

Les Prayes étaient les buttes de vase et de coquilles d'huitres qui encombraient le fond du port. Avant Islande Dahouet pratiquait le dragage des huitres pied-de-cheval qui vu le poids de la coquille étaient pour le commerce écaillées (vidées) et salées en barriques.

Les Salines sont situées à l'emplacement des marais salants de la Duchesse de Mercoeur, elles ont été creusées pour réaliser le bassin à flot actuel.

Fort à Faire, en bas de la côte de Lamballe, ne peut s'interpréter que par la difficulté à monter.

Le Pont Neuf a un sens bien clair même s'il n'est plus neuf actuellement.

Le Pont Carla fait référence au nom de famille Carla.

Un pont en breton comme en gallo n'est pas obligatoirement un pont mais aussi bien un gué et un gué, breton goez ou gwazh, est un ruisseau (Gué Madeuc comme Guébriant et Goesbriant).

Le Murier est il une plantation pour l’élevage de vers à soie ou peut être un ensemble de vieux murs ? A éclaircir.

Le Renard balise à voyant vert en sortant est un nom assez fréquent en toponymie nautique locale.

La Fosse avec son môle abandonné se comprend naturellement.

La  Pointe des Eaux est à corriger la Pointe des Hauts (on dit des hao et non des ziao) La côte correspondante est dite les Hauts de Dahouet.

La Tourelle est la roche à l'emplacement de l'ancienne tourelle de déhalage érigée en 1904.

De gauche à droite, la tourelle de déhalage, la passe de la Viveraine, le phare

De gauche à droite, la tourelle de déhalage, la passe de la Viveraine, le phare

Les fondations de la tourelle encore visibles en 2011

Les fondations de la tourelle encore visibles en 2011

La sortie de Dahouët était autrefois divisée par les blocs rocheux appelées les Muettes, nom assez difficile à imaginer pour des roches qui brisent mais pas plus que les autres pour pouvoir attirer l’attention. La Grande Muette a été rasée en 1851 libérant la Grande Passe à droite en sortant. Le massif rocheux arasé s'appelle aujourd'hui Pierres brulées.  

Le phare a été construit sur la Petite Muette.

 

A gauche en sortant est la Petite Passe alignée actuellement par deux balises blanches à la côte. Elle s’appelait autrefois la Viveraine ou Vivraine, nom actuellement peu usité, difficile à expliquer. On l’a fait par un dérivé de Vive (poisson) mais le nom local dérivé de vipère par évolution du V en G est guipre, et autrefois on disait aussi la Vivrance (1776).

Dans la petite passe se trouve une bifurcation appelée dit-on Passe Gourio. Est elle explicable par le nom propre Gourio, par le breton Goueriou les ruisseaux ou tout simplement par la roche Goulia ( passage du L en R appelé rhotacisme ) à proximité.

Le phare sur la roche de la Petite Muette

Le phare sur la roche de la Petite Muette

A gauche en sortant

 

Le Chemin des Cherrettes, difficile à suivre actuellement, marque la trace des charrettes qui partaient de la cale Hamonet, à marée basse évidemment, chercher du sable au Becleu lors de la construction du Val André. De l'autre côté du chenal le chemin reprenait à gauche de la Tourelle puis sinuait entre les roches.

Le Becleu comme le Bicneu d'Erquy peut être rapproché des Bec de Vire fréquents sur notre littoral par le mot breton beg, cap, pointe et leu, ancien mot pour gouvernail (qui fait virer).

Le Port Morvan n'est pas un port mais représente le breton porzh qui veut dire aussi crique. On disait autrefois la "bouche" ou "guène" du Port Morvan du breton "genou" bouche.

 

           

A droite en sortant

 

La Cale et la Pointe Hamonet portent le nom d'une vieille famille, la Pointe à Georges aussi.

Cale Hamonet. Prolongée en 1976 elle procure un gain de temps pour accoster à la montante.

Cale Hamonet. Prolongée en 1976 elle procure un gain de temps pour accoster à la montante.

La Garde : Il semble que ce nom ne date que de l'installation de la statue avec guérite de Notre Dame de Marseille bien connue de nos terreneuvas qui y livraient leur poisson et en ramenaient des statuettes sous globe.

L'Anse des Coquilles, au nom descriptif,  était plus anciennement Côtières Fontaines à cause  des sources suintant de la falaise.

La Mine d'Or  est-elle vraiment un gisement du précieux métal ou plutôt une pierre dorée du breton min pierre (maen) comme le Minieu, Miniaou carrière comme la grève des Sables d'Or ? (Tourmine à Saint Alban, Toull Min, la carrière est probablement l’ancien nom du Poirier plus exactement Perrier dérivé de pierre (perre) et non de poire).

La balise rouge de l'Eto, non pas de l'étau mais de l'étoc, rocher en avant d'un autre.

Le Cimetière représente-t-il des anciennes sépultures ou plus vraisemblablement le lieu d’échouement des bateaux qui rataient la sortie difficile.

Le Four est un toponyme fréquent sur la côte.

Les Murs blancs sont ainsi dénommés à cause de la couleur des 3 murs blancs signalant, pour l'opérateur télégraphiste du Roselier (la côte en face),  la présence de l'ancien télégraphe de la Guette.

La Guette portait le Corps de Garde qui surveillait les abords de Dahouët.

Le Pissot comme les Côtières Fontaines, revient de la même explication par l'humidité des parois.

 

J.G.

L'anse du Pissot entre la pointe de la Guette et la pointe des Murs Blancs, murs que l'on distingue sur la photo.

L'anse du Pissot entre la pointe de la Guette et la pointe des Murs Blancs, murs que l'on distingue sur la photo.

Cadastre 1811 – En haut, Pointe de la Guette, Télégraphe, Corps de garde et Batterie. En bas la Pointe des Murs Blancs appelés "Miroirs"

Cadastre 1811 – En haut, Pointe de la Guette, Télégraphe, Corps de garde et Batterie. En bas la Pointe des Murs Blancs appelés "Miroirs"

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