4 novembre 2012 7 04 /11 /novembre /2012 10:26

 

Au départ la Mouette Blanche était une bisquine d’Erquy qui, origine exige, n’était pas blanche du  tout mais noire. Vendue à Philippe du Légué elle avait été regréée de bisquine en sloup. François Le Roy dit « Chinot » de Dahouët l’ayant acquise, voulut la barbouiller à la peinture blanche mais le résultat n’ayant pas été satisfaisant la remit dans sa première couleur. Elle faisait partie avec l’Ecume du pilote Jean Fouré et l’Oiseau Volage à Guillaume Morvan des rares bateaux à moteur auxiliaire du port.


ECUMEECUME, pilotine de Jean Fouré

 

C’est pour cette raison qu’elle fut demandée en 1926 par le pilote Fouré pour remorquer au moteur la grande Sainte Anne de Pleubian,  capitaine Ernot, pour la sortir, sa pilotine Ecume n’ayant pas un moteur suffisant pour tracter une goélette.

 

C’était la nuit noire et il faisait bon vent, la Sainte Anne avait établi ses basses voiles mais,  le moteur de la Mouette Blanche étant tombé en panne, la goélette non manoeuvrante enfonça les bordés de la Mouette Blanche avec son bout dehors au niveau de la flottaison. Croajou de Pleubian qui était à bord de la Sainte Anne eut la surprise, disait il,  de découvrir un unijambiste sur le bout dehors secoué par le tangage. C’était sans doute Jacques Barbedienne, quoiqu’il ne faisait pas partie de l’équipage de la Mouette Blanche. On voyait le moteur par la brèche et la mer entrait au mouvements de roulis. La Mouette Blanche alla mouiller sur son train de pêche entre la Muette et la Petite Base, en aveuglant la brèche avec de la toile et en écopant avec des bidons à gaz oil.

François Guinard et Francis Thomas partirent chercher du secours avec le canot mais Thomas appelé depuis « Saute à l’iau » plongea dans les brisants pour gagner la rive. Il trouva le secours de Guillaume Morvan et l’Oiseau Volage ramena la Mouette Blanche sur la cale de la Douane où elle put subir les réparations nécessaires.

 

oiseau volageL'OISEAU VOLAGE en noir au premier plan.

 

Mais ni Thomas ni Guinard ne devaient échapper à leur sort . Le 15 Février 1930 vers 17h30, le doris houari à moteur de la Mouette Blanche qui remorquait en grande marée un canot chargé de moules de pêche à pied « renversa la cabane su’l chien » (se retourna) en les envoyant goûter l’onde amère « en buvant la lavure de leurs fesses ». L’amarre du canot se rompit et il partit sur les Côtières Fontaines avec des hommes accrochés à la quille.

 Tandis que leurs collègues Le Roy, Chapelain et Redon arrivaient à s’en sortir, Thomas et Guinard disparurent malgré tous les efforts de M. Chrétien et de son fils arrivés sur les lieux. 


Une autre fois le Petit François talonna sur l’Etoc de la Viveraine et coula avec Laurent Lesage le patron cul de jatte et son matelot femelle Constance. Tous les deux s’en sortirent. Lesage était dérotulé et marchait à genoux avec un pantalon renforcé ou alors dans un petit chariot  en s’aidant d’un fer à repasser à chaque main, quelques fois poussé par des personnes complaisantes si ce n’est des gamins plus retors. Cela ne l’empêchait pas de naviguer et faire le métier de pêcheur.


Une autre figure de Dahouet était Jacques Barbedienne dit « Patte de Pie » qui lui était unijambiste et remplaçait la jambe manquante par une jambe de bois et la force de ses bras pour monter les échelles métalliques du quai. Un jour il s’est quand même coincé le pilon dans les barreaux en montant et quelle affaire pour le récupérer alors que la mer montait, on l’entendait à l’autre bout du quai. Ca me fait penser à ce que l’on m’a raconté d’un gars de Saint Alban, pas un pêcheur, qui est tombé du quai à marée basse et est resté coincé dans la vase. Il faut dire qu’il avait caressé la bouteille, mais quand la mer a monté il s’est mis à braire qu’on l’entendait jusqu’au Val André mais quand même on a pu le récupérer avant que l’eau le recouvre.


Assez peu de bateaux de Dahouët même ont subi le mauvais sort en sortant du port mais ce n’est pas pour rien que les instructions nautiques anglaises signalaient « dangerous ». Il y eut en effet un certain nombre de visiteurs qui ne se méfiant pas du vent, encore à l’abri des falaises et pris en sortant par une rafale, sont allés voir si ce que l’on appelait le Cimetière à la sortie du port, c’était pour les bateaux malchanceux ou pour les chrétiens.


Vous ne vous rappelez sans doute pas, vous êtes bien trop jeunes, le sloup de plaisance de Tréguier, le Reder Mor qui s’est échoué sur le Chemin des charrettes  près de la tourelle.

Un autre mais professionnel, l’Oiseau des Tempêtes du captaine Togo, un petit bonhomme qui aimait bien sa bolée et secondé par sa femme, un sacré gaillard de matelot,  ramenait un chargement de pommes pour Paimpol et ils ont manqué à virer sous la Vierge et sont allés dans le Cimetière. Mais l’ Oiseau des Tempêtes  n’a pas coulé et il a même pu repartir après réparations. Pas trop de mal, mais  vous ne le savez peut être pas, on dit qu’un bateau chargé de pommes ça ne coule pas avec une voie d’eau, ça flotte. De Dahouët dit-on, les « Bertons » ramenaient beaucoup de pommes pour Paimpol mais aussi des cuites.

Et la Marcelle  vers 1920 raffalée sur les Côtières Fontaines aussi par manque à virer ! Elle a été vendue en l’état à Durand qui a récupéré les agrès et espars pour ses deux sloups.

L’Industrie,  goélette de Boulogne (de la Houle Cancale d’après Guigot) chargée de patates avait en 1888 bénéficié de l’autre coté du chenal pour s’échouer mais chavira au baissant en rebordant du mauvais bord et fut abandonnée.

 

POUVOIR

Le vapeur POUVOIR échoué sur La Guette 

 

Le vapeur Pouvoir chargé de charbon qui s’échoua en 1906 sur la Guette n’avait pas fait une mauvaise sortie du port mais venant du large et trompé par le brouillard il est venu « sailler la montagne » (s’échouer sur une côte abrupte) . C’est à cause de lui que les gens de Dahouët ont commencé à se chauffer au charbon car il y avait affluence de pêcheurs à pied autour de l’épave. Il a fallu se mettre aux poêles comme les bourgeois alors qu’avant on se contentait des cheminées !

 

J.G.

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  • : Bienvenue sur le blog de l'association "Atelier du Patrimoine Maritime de Dahouët" (Pléneuf-Val-André - 22370) - Installé sur le port, dans l'ancien bureau des Douanes, l'atelier a pour objectifs l'étude et la conservation de l'histoire du port de Dahouët et de la baie de Saint Brieuc, tant au point de vue matériel qu'humain.
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