15 août 2014 5 15 /08 /août /2014 07:39

Ne serait-ce pas une bonne chose de vérifier les sources ?

Il y a eu  des navires à problèmes à Islande mais encore il faudrait en donner de bons exemples.

 

 

Que raconte donc le commissaire Leissen sur la Jeanne à Le Guyader ?

F. Chappé  L’épopée islandaise  p 104

Leissen  document Brest 5 P2 25

 

Pour comprendre l’affaire racontée par Leissen, administrateur de la Marine à Paimpol (que l’on connait pour son hostilité envers les capitaines et officiers des goélettes ) pour illustrer selon lui l’insuffisance de leurs seconds, du navire chasseur qui quitte “Lisbonne” en 1903 et qui est ramené (à Lisbonne) par le mousse il faut savoir qu’il s’agit du chasseur la Jeanne de Le Guyader, équipage de cinq hommes. L’affaire est racontée par Le Friec sur Ouest France du 16 avril 1970, à la mort de François Le Louarn son informateur, et transmise par P. Le Marec “L’aventure de la mer” p 118  ce qui lui donne un autre jour.

 

A peine quitté Cadix le capitaine Guillaume Le Louarn meurt de toxiinfection alimentaire causée par des conserves de viande et tout le monde est malade abominablement à bord, à part le mousse François seize ans, frère du capitaine, qui n’a pas pris part au repas en raison d’une punition. Le second étant en état de paralysie et les deux ou trois matelots hors de combat, c’est donc le mousse, le seul valide à bord, qui réussit l’exploit de rentrer le navire à Lisbonne. Il a eu au pays quelques leçons d’hydrographie chez un frère “ à quatre bras “ des écoles chrétiennes et s’en souvient. Mais malgré ce coup d’éclat il n’est jamais dit qu’il était le seul compétent mais la seule personne valide à bord ! L’assistance d’un navire allemand est bien demandée mais du vivant du capitaine malade et ce n’est pas pour un problème de navigation mais pour une assistance médicale, des conseils et des médicaments !

 

L’erreur de F. Chappé fut de croire que c’est par incompétence du second que seul le mousse a pu rentrer le bateau au port qu’il venait de quitter.  C’est à Lisbonne qui est encore tout près qu’il revient car il n’est tout de même pas capable de ramener tout seul le navire en France et de soigner les malades.

 

 

Le capitaine de vaisseau De Kergrohen ne serait il pas un peu rapide en jugement ?

Affaire Alice et Paul 1902

F. Chappé  L’épopée islandaise  p 154

Documentation  Brest  5 C41

 

En 1902 le navire La Manche de la Station d’Islande doit porter secours à l’équipage de l’Alice et Paul de Paimpol, victime d’un début d’incendie déclenché par l’imprudence du second qui a gardé une bougie allumée en s’endormant.

 

Effectivement l’enseigne de vaisseau Cras fait un premier rapport à son commandant comme quoi « le capitaine et la presque totalité de l’équipage était ivre, affolé ». Mais son collègue l’enseigne Laisné, rapporteur auprès du Tribunal Maritime et Commercial n’abonde pas du tout dans le même sens. Non seulement il ne peut arracher d’aveu au capitaine comme l’aurait voulu le commandant De Kergrohen mais douze matelots du bord, un capitaine au long cours voisin de mouillage et les quatre sous officiers visiteurs du navire stationnaire  démentent l’ivresse du capitaine et nient qu’il ait des habitudes alcooliques.

 

Néanmoins l’opinion de De Kergrohen est faite à cet égard car il subodore très facilement chez les capitaines « des cas d’ivresse légère mais incontestable … Il est bien difficile d’’établir ce délit, parce qu’il y a des degrés dans l’ivresse et que, les marins surtout, ne l’avouent que lorsqu’elle est poussée au dernier degré »

 

Rapport de l’enseigne de vaisseau Laisné Ernest, rapporteur auprès du Tribunal Commercial Maritime.

« Aucun ne reconnait avoir remarqué aucun signe d’ébriété chez son capitaine et plusieurs ont affirmé avoir fait plusieurs campagnes avec lui sans l’avoir jamais vu dérangé par l’alcool. Je n’ai donc trouvé sur la goëlette que des témoins à décharge.

Nous sommes ensuite allés à bord du Saint Pierre. Le commandant de ce voilier, Nédélec Yves, capitaine au long cours, qui s’est rendu à bord cette nuit pendant l’incendie, a causé avec le prévenu et l’a trouvé très impressionné et bouleversé mais pas ivre, il était affolé.

Les sous-officiers de La Manche ont été appelés à leur tour. Les quatre qui sont allés à bord de la goëlette et que nous avons appelés à tour de rôle ont chacun déclaré aussi que quoique plusieurs hommes du bord leur avaient paru ivres, entre autres le frère du capitaine, aucun n’a eu la pensée que ce dernier le fut, mais seulement très troublé par l’événement. »

 

 

La cystite au père Thémoin de Binic

Desbois le Jardinier des mers lointaines p 128

Chappé  L’épopée islandaise p 124

 

«  Ensuite ça gagnait le bas ventre que la garce fouillait nuit et jour de ses milliers d’aiguilles. Intolérable elle était cette cochonnerie qui réduit un marin à l’état de bête hurlante. Quelques-uns y résistaient, d’autres avaient préféré se pendre dans le réduit où ils croupissaient, comme de pauvres chiens malades qu’ils étaient devenus »  ( Desbois ).

         

Cette description fait frémir mais la cystite proprement dite est une maladie rare chez les mâles, en raison de la difficulté des germes à remonter la longueur de l’urètre à moins de contamination blennorragique réservée aux quelques pêcheurs qui faisaient Lisbonne en livraison de la pêche ou aux matelots fayots qui avaient séjourné à Rochefort.

Ce n’était sans doute pas une maladie très agréable mais on ne se pendait pas pour celà, sauf si la tête manquait en plus.

 

L’histoire racontée par J. Dubois est apparemment un souvenir de lecture du commandant L. Lacroix dans “ Les derniers voiliers morutiers “ où il raconte qu’il retrouva « un jour pendu à une épontille, un nommé Thémoin de Binic, atteint de cystite, qui ne pouvait plus endurer ses souffrances ». Mais il n’est pas dit du tout que le drame se passe sur un morutier et comme la victime est matelot de Lacroix on peut supposer que ce n’est pas le cas, Lacroix ayant commandé sur les long-courriers.

 

 

Une affaire trouble :   Quo Vadis 1912

Chappé  L’épopée islandaise  p 103

 

« En mars1910  la goëlette paimpolaise Quo Vadis disparaît mystérieusement. Son pavillon en berne, sous le îles Westmann, attira l’attention des chalutiers français et du croiseur Island Falk, qui lui demandent par signaux si elle sollicitait des secours. Le bâtiment remit à la voile et ne revint jamais »                            .
         

La mention de Journal de Paimpol en 1892 doit être une coquille car la disparition du Quo Vadis est de 1912, construction Bonne en 1911. Quo Vadis doit être un vaisseau fantôme car il est mentionné « sans nouvelles en route Islande, supposé disparu dans la tempête du 28 Février ( 1912) avec la Françoise » Que faisait il en mars 1910 aux Westmann ?

 

Arborer le pavillon en berne c’est élémentairement demander des secours, c’est clair et on y va. Par contre si l’on croit le stationnaire Caubet la compréhension du code de signaux en 1908 ne devait pas être fréquente même chez les timoniers aguerris !

         

« Ces signaux sont trop nombreux, on a voulu leur faire dire beaucoup trop de choses et leur interprétation basée sur un intervalle plus ou moins grand qui sépare les signes porte à confusion.

Au mois de juin en se rendant à Faskrudfjord le Lavoisier a rencontré devant Portland le chalutier Liberté de Fécamp. Celui-ci a voulu demander au moyen de signaux du livret où se trouve le  stationnaire danois.                                                       

L’interprétation à vue a été impossible. Le Lavoisier a du passer à portée de voix pour se faire poser la question verbalement.

On pourrait remplacer avantageusement ce livret par le code international que l’on trouve déjà sur les goëlettes Rafale, Espiègle, Glaneur, Silène, Vague, Sept Frères, Brise. »

 

Si le navire officiel ne comprend pas peut on demander mieux à de simples pêcheurs ?

 

Le Quo Vadis ayant disparu dans la tempête du 28 février il semble évident qu’en mars il s’agissait de l’autre trois mâts de la flottille islandaise la Paulette de Dahouet qui avait effectivement un malade à bord et demandait assistance, pavillon en berne…

J.G

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