26 septembre 2014 5 26 /09 /septembre /2014 10:23

 

En 1850 la diminution du poisson en baie de St Brieuc était sur toutes les lèvres.

Un article circonstancié paru dans le journal « Le Publicateur des Côtes-du-Nord » fait l’état des lieux sur ce crucial problème. 

 

Le Publicateur des Côtes-du-Nord  N° 629 du 16 mars 1850 :

 

« 

Nos pêcheurs de Plérin, qui se livrent exclusivement à la pêche au poisson plat dans nôtre baie, voient avec peine cette seule ressource de leur existence, diminuer de jour en jour; c’est au point, aujourd’hui, que chaque homme gagne à peine 2 à 3 fr par semaine.

 

A quoi attribuer la diminution du poisson?

 

Tous les pêcheurs s'accordent, et nous en sommes nous même persuadés, à l’attribuer à ces nombreux filets tendus sur les grèves de Morieux et d'Hillion. Car quoique ces filets soient de mailles réglementaires et élevés du sol de la hauteur voulue, cela n'empêche pas que le menu poisson plat, qui ne quitte pas le sol, vient périr au pied de ces filets. Qu’on se garde bien de croire que le filet étant élevé de la grève de quelques centimètres, le fretin puisse y passer: non, le vide est bien vite rempli par une espèce de varech que nos pêcheurs nomment flèche.

La quantité de poisson de toutes espèces, soles, plies, turbots, de la grandeur de 3 ou 4 centimètres, que l'on trouve morts, retenue par ces filets, est innombrable. C'est à ne pas douter, à ces filets appelés bas parcs, tendus sur les grèves par les hommes du littoral et qui ne sont pas marins, que l'on doit attribuer cette grande diminution des poissons de la baie…

 

Des règlements de pêche défendent aux bateaux pêcheurs de s'approcher en tout temps du lais de mer (à marée basse) à moins d'une distance de trois milles, et un garde pêche veille à leur exécution.

Il arriva l'été dernier, que la péniche l'Eveil (le garde pêche) fut appelée à Brest. Alors nos pêcheurs ne connurent plus de limites et s'approchèrent de la terre pendant son absence. Aussi garnirent-ils notre marché de poissons magnifiques. C’était la saison de la reproduction; le poisson se tient alors près de la côte. Cette distance de trois milles à marée basse est peut-être beaucoup trop éloignée pour toutes les saisons, surtout dans notre baie où la mer se retire autant.

Dans le temps où le poisson dépose son frai, elle ne l'est pas trop; mais on ne devrait pas regarder les îles du Portrieux, qui ne sont, à vrai dire que des rochers, comme formant le littoral et compter la distance à partir de celles-ci, au lieu de prendre la distance à marée basse en dedans de ces rochers.

Si donc, aux pêcheurs en bateau, il est défendu de s'approcher de la côte, à moins d'une certaine distance, à plus forte raison, la pêche à pied devrait elle être défendue pendant une certaine saison.

 

Un autre genre de pêche se pratique aussi sur nos grèves, je veux parler de la gabarre; chacun sait que c'est un filet que l‘on traine sur les grèves et toujours dans la belle saison, cette pêche est tout à fait défendue par les règlements. Cette manière de pêcher est sans doute mauvaise; elle détruit la manne. Cependant il est bien pénible de voir des bancs de poissons de passage, tels que des mulets, venir se jouer sur nos grèves sans qu'il soit permis de les pêcher.

Ne serait il pas possible de règlementer cette pêche de manière à ne pas en enlever entièrement le bénéfice aux gens du littoral? Le seul moyen, à mon avis, serait que l’autorité civile veilla à ne pas laisser vendre sur les marchés des villes voisines des ports de mer, ces petites plies, soles et turbots, qu’on y apporte en quantité, à moins d'une dimension voulue.

L'autorité maritime, de son coté, ne tolérerait cette pêche que toutes les fois qu'elle aurait pour but de prendre ces poissons de passage qui viennent se jouer sur nos grèves.

 

Du reste, généralement, toutes les personnes qui se livrent à la pêche à pied ont d'autres professions; ce sont des laboureurs du littoral, tandis que les pêcheurs en bateau n'ont pas d'autre état, ils sont marins et font un métier des plus pénibles.

Certes il faut qu'ils soient aussi intrépides et aussi bons marins pour que jamais ils ne se perdent dans les tempêtes si violentes que nous éprouvons sur nos côtes; jamais ils n'embarquent de boissons et ils passent ces longues nuits d'hiver, n'ayant qu'un morceau de pain et de beurre pour tous vivres et souvent même qu'un morceau de pain sec. Toute leur vie appartient à l'administration maritime, ils sont au premier appel, au service de leur pays qui trouve en eux d'intrépides marins, habitués à la fatigue et aux plus dures privations. … et liberté entière pour les cardes (cordes?) tendues sur les grèves, cardes connues sous le nom d'aranelles (harouelles?

» 

 

D.C.

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