La fin du monde étant passée sans accroc il est temps de penser à l'avenir.
En conséquence les membres de l'Atelier du Patrimoine Maritime de Dahouët vous adressent leurs
Meilleurs vœux pour l'année 2013
et plus particulièrement cette année, aux pêcheurs plaisanciers auxquels nous dédions cette petite fable.
Petit Saint-Jean deviendra grand
Un petit maquereau, bienheureux, protégé
Dans le giron du banc qui l’avait hébergé
Se sentit prêt un jour pour la grande aventure ;
A tracer dans les eaux d’infinies signatures.
Mais il ne savait pas qu'en haut les bonnes gens
L'appelaient la « lisette » ou bien le « p'tit Saint-Jean »,
Que sa petite taille épousait l'assiette,
Accommodé dans un grand nombre de recettes ;
Que sur la mer jolie chacun dans son canot
œuvrait à sa capture en pensant au fourneau
Et qu’à peine pêché, dans sa robe irisée
On découpait des bandes qu’on appelait « fleurs »,
Le meilleur des appâts. Ô comble de l’horreur
Que de voir sur le pont sa fratrie abusée !
Mais il n’en savait rien. La faim le tenaillait.
Un instinct de chasseur en lui se réveillait
Et la mer si souvent prodigue de promesses
Lui parut tout à coup mesurer ses largesses.
Il se mit au travail, prit un air menaçant,
Celui que prend le loup solitaire en chassant.
Il se trouva soudain devant une muraille
Semblant accaparer tout son vaste horizon.
Elle était composée de mille et mille mailles,
Bien trop lâches pour lui bâtir une prison.
Passé cette frayeur il se remit en chasse
Cherchant à satisfaire un appétit vorace,
Vit un arénicole agité tout en bas :
Un tel festin méritait bien un branle-bas !
Il plongea aussitôt la bouche grande ouverte
Quand un vieux bar soudain lui fauche le butin
Faisant une bouchée du ver et de l’orin...
Et le bar à son tour s’agita dans l’eau verte !
Une riche leçon pour le petit poisson :
« Sous un trop bel appât, devines l’hameçon. »
Arrivant en surface, un alevin véloce,
Dans sa robe diaprée comme on en voit aux noces,
Remontait le courant, alerte et bondissant.
Qu’importe les leçons, il est appétissant !
Se dit le p’tit saint Jean, mimant une baudroie.
Trois coups de queue virils, le voilà sur sa proie
Et d’un seul coup d’un seul, avalant le fretin,
L’habille d’un linceul. Hélas pauvre pantin,
Te voila bien ferré ! Le canot se rapproche ...
Un dernier coup de queue au plat-bord te décroche.
Aujourd’hui tu n’es plus ce fringant ingénu
Qui rêvait de lagons, de chasses souveraines.
Jamais tu n’oublias le jour où tu connus
Le filet, la palangre et la perfide traîne.
Le Pilotin