1 juillet 2015 3 01 /07 /juillet /2015 08:00

 

Le 18 Mars 1967 le navire pétrolier TORREY CANYON fait naufrage entre les îles Scilly et la côte britannique. Les 120 000 tonnes de pétrole brut se répandent en Manche, sur nos côtes et nos plages.

Cet accident de mer fait prendre conscience aux populations européennes que les risques potentiels engendrés par le transport maritime de produits polluants et dangereux sont bien réels ; l’avenir nous l’a confirmé en maintes occasions.

 

Notre baie n’a pas été épargnée par les marées noires.

Rappelez-vous : Il y a tout juste quarante ans, l’une d’elles, bien que peu médiatisée, fut à l’origine d’une catastrophe écologique importante dans la baie de Saint-Brieuc.

 

Voici le récit du naufrage du petit pétrolier « PORT-DE-BOUC » tel qu’il fut rapporté dans le bulletin d’information de l’association VivArmor Nature (Le Râle d’eau N°4 – 1976), et que nous reproduisons avec l’aimable autorisation de son Vice-Président M. Michel Guillaume.

 

 

LA CATASTROPHE DU "PORT-DE-BOUC" - 17 Novembre 1975

 

« Comme en réponse à l'Assemblée Générale du G.E.P.N. (maintenant VivArmor Nature - ndlr) du 16 Novembre, une catastrophe est venue prouver que la pollution n‘est pas une vue de l‘esprit, pas plus en Baie de Saint-Brieuc qu'ailleurs.

 

Marée noire en Baie de Saint-Brieuc  (1975)

Le pétrolier « Port-de-Bouc »  78m – Jauge brute 1481T

Photo collection Régis Zaia

 

Le lundi 17 Novembre vers 5h du matin, le pétrolier "Port-de-Bouc" s'échoue à l'entrée du chenal d'accès au Légué, à mi-chemin entre la pointe des Guettes et la pointe du Roselier, chargé de 1800T de fuel et de Gaz-oil. Une fissure s'étant produite, le fuel a commencé à se répandre autour du navire.

 

Le mardi, toujours échoué et plus ou moins secoué par la mer, le "Port-de-Bouc" voit ses fuites de cargaison augmenter. Un remorqueur arrivé vers 17h ne peut rien entreprendre du fait des conditions, et malgré les 80T de fuel pompées par les camions-citernes, la cargaison continue à se déverser lentement à l'entrée de l'Anse d'Yffiniac.

 

Dans la nuit du mardi 18 à mercredi 19 Novembre, 300T de fuel sont à nouveau évacuées par les camions. Le "Port-de-Bouc" est déséchoué. Mercredi matin il regagnait le port du Légué trainé par un remorqueur.

 

Il était cependant trop tard pour éviter que ce qui s'était échappé à la mer ne vienne s'étaler sur le fond de l'Anse. Les filières ont été touchées d'abord dès lundi soir ; puis mardi, mercredi, jeudi, le coefficient de marée augmentant, la nappe de Gas-oil se répandit et imprégna toute la végétation, la brûlant totalement par endroits. Les oiseaux qui hivernaient par centaines en ce mois de Novembre dans l'Anse, ont été atteints à leur tour, soit par contact direct soit par empoisonnement alimentaire, car toute la faune marine des vasières a été touchée.

 

Tandis que des milliers de coquillages crevés étaient balayés par la mer, qu'une odeur pénétrante de pétrole planait sur le fond de la Baie, les oiseaux atteints étaient découverts en nombre croissant. Mais combien n'ont pas été retrouvés ? Principales espèces atteintes : pilets, macreuses, râles d'eau, huitriers, tadornes, bernaches, divers limicoles…

Les bouchots d'Hillion ont également été touchés et les moules interdites à la vente pour deux mois.

 

Le recul pris devant la catastrophe, on peut se demander :

 

  • pourquoi les camions-citernes ne sont-ils pas intervenus dès lundi ?
  • pourquoi aucun barrage contre les nappes d'hydrocarbures n'était-il prévu à Saint-Brieuc ?
  • par quelles défaillances expliquer qu'un tel échouage ait pu intervenir ?

 

Et n'oublions pas néanmoins que cette pollution limitée dans le temps n'est que la partie visible d'un iceberg dont la partie invisible représente les trois millions de tonnes répandus chaque année sur les océans. 

»

 

D.C.

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  • : Bienvenue sur le blog de l'association "Atelier du Patrimoine Maritime de Dahouët" (Pléneuf-Val-André - 22370) - Installé sur le port, dans l'ancien bureau des Douanes, l'atelier a pour objectifs l'étude et la conservation de l'histoire du port de Dahouët et de la baie de Saint Brieuc, tant au point de vue matériel qu'humain.
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